Communiqué de presse: Fashion Victims – Arrêtons cette frénésie !

Dans le cadre de la campagne de sensibilisation « Rethink Your Clothes », une campagne mandatée par la Direction de la coopération au développement et de l’action humanitaire du Ministère des Affaires étrangères et menée conjointement par l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg et Caritas Luxembourg. Un évènement symbolique a été organisé pour commémorer la mort des victimes de l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh il y a 10 ans, la catastrophe industrielle la plus meurtrière de l’histoire de la confection de vêtements. À travers une performance, réalisée par la chorégraphe Nora Hoffmann, le grand public est confronté à la réalité de l’industrie textile actuelle. Malgré le choc qu’a suscité cet évènement, cette industrie n’a malheureusement pas connu de profonds changements au cours des 10 dernières années et reste l’une des industries les plus problématiques au monde.

Rana Plaza
Le 24 avril 2013, un immeuble hébergeant six ateliers de confection s’est effondré à quelques kilomètres du centre de Dacca, la capitale du Bangladesh. Ce jour-là, plus de 1100 personnes sont mortes et plus de 2500 personnes ont été blessées. Cette tragédie a montré au monde que la production rapide et à grande échelle est devenue plus importante que la sécurité et la vie des femmes et des hommes à l’intérieur de ces ateliers.

L’industrie textile bangladaise d’aujourd’hui
Aujourd’hui, l’industrie textile reste le secteur économique le plus important au Bangladesh. Avec au moins 4.000 usines textiles qui emploient plus de 4,4 millions de travailleurs, le secteur de l’habillement génère la plus grande partie des exportations nationales. Le Bangladesh reste encore aujourd’hui extrêmement dépendant de cette industrie. À la suite de la tragédie du Rana Plaza, la communauté internationale a exercé une pression sur le Bangladesh afin que celui-ci s’engage à réaliser des changements profonds au sein de son industrie textile. Au cours de la dernière décennie, le Bangladesh a multiplié les démarches de responsabilité sociale et environnementale, en particulier avec l’Accord international pour la santé et sécurité en 2021, signé entre les organisations syndicales et les marques et enseignes s’accordant sur la nécessité de préserver et poursuivre les efforts en matière de sécurité des bâtiments et prévention des incendies.

Pourtant la production textile au Bangladesh pose toujours des risques importants pour les travailleurs et les droits humains y sont régulièrement violés. Des questions de compétitivité entravent une transformation totale du secteur. Même si le salaire minimum a été augmenté deux fois depuis l’effondrement du Rana Plaza, il reste toujours en dessous du salaire vital. Aujourd’hui le salaire minimum dans l’industrie textile au Bangladesh représente environ 69€, les syndicats réclament pourtant une augmentation d’au moins 207€ par mois. Pour joindre les deux bouts, les travailleurs doivent régulièrement faire des heures supplémentaires excessives. L'initiative "Garment Workers Diaries" a constaté, dans le cadre d'une enquête menée auprès de 1.300 travailleurs de l'industrie textile au Bangladesh, dont 75% de femmes, que le nombre d'heures de travail mensuel des couturières était en moyenne de 248 heures entre décembre 2021 et décembre 2022 (contre 254 heures pour les hommes). En outre, la moitié des couturières (41 % des couturières) rapportent des intimidations verbales et de menaces, 3 % (2 %) de violences physiques et 1 % (0 %) de violences sexuelles.

Aujourd’hui 10 ans après, les conditions de travail dans l’industrie textile restent inhumaines, la discrimination et le harcèlement sont subis quotidiennement, le travail forcé et le travail d’enfants restent une réalité et les salaires des travailleurs sont bien en dessous du salaire vital. L’effondrement du Rana Plaza est donc bien plus qu’un souvenir choquant. Cette tragédie représente un rappel permanent des conséquences de notre éternel désir de vêtements neufs et bon marché.
 
La confrontation entre la production et la consommation
Lors de la performance artistique les différents acteurs de l’industrie textile sont mis en scène en se focalisant sur la production et la consommation des textiles. La performance confronte ainsi la souffrance des travailleurs dans les usines de fabrication avec la joie des consommateurs. Une comparaison directe entre les conditions de travail inhumaines et l’ignorance des consommateurs ce qui mène les spectateurs à réfléchir et à remettre en cause leur propre consommation de textiles. La performance souligne ainsi l’ignorance et le caractère superficiel des consommateurs en relation avec leurs choix vestimentaires.
La performance nous montre que les vêtements ne semblent plus avoir de réelle valeur et que la consommation facile et rapide cache souvent la réalité amère de la production. Les effets secondaires sont souvent ignorés afin de suivre les nouvelles tendances à la mode. Les consommateurs se posent trop rarement des questions sur l’origine et la production de leurs vêtements.

Le pouvoir d’agir des consommateurs
La violation des droits humains, la discrimination, la violence et l’exploitation restent des réalités dans l’industrie textile d’aujourd’hui. Pourtant, chaque individu peut activer son pouvoir d’agir et faire des choix conscients dans sa consommation de textiles. Chacun peut opter pour la seconde-main, l’upcycling, la réparation ou des vêtements issus du commerce équitable. Les choix individuels peuvent non seulement garantir une vie plus longue ou redonner une nouvelle vie aux vêtements, mais ils peuvent aussi contribuer activement au développement durable et au respect des droits humains. En donnant un visage aux producteurs et aux travailleurs de l’industrie textile, nous pouvons contribuer activement à une mode éthique et durable.


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