Communiqué de presse: Notre consommation vestimentaire décryptée pour la campagne Rethink your Clothes.

Les événements, notamment sanitaires et climatiques, des deux dernières années semblent avoir déclenché de nouveaux comportements en matière de consommation au Luxembourg et ouvert de nouvelles perspectives. La récente enquête TNS Ilres commanditée par l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg et Caritas Luxembourg, dans le cadre de la campagne Rethink your Clothes, dresse un bilan sur notre façon de consommer la mode qui semble confirmer ces observations.

Lancée en 2018 dans le cadre d’un mandat accordé par le Ministère de la coopération et de l’action humanitaire, la campagne Rethink your Clothes a pour but de sensibiliser et de promouvoir une consommation plus durable et éthique de la mode... L’enquête TNS Ilres qui clôture la deuxième phase de la campagne, a permis de constater un nouvel engagement des citoyen.nes pour une consommation plus raisonnable de la mode et une prise de conscience de l’impact de leurs achats vestimentaires sur les humains et la planète.

Une consommation qui se veut plus responsable

Réalisée en janvier 2022, l’enquête nous apprend par exemple qu’une majorité des résidents du Luxembourg recherche des informations sur les marques de vêtements avant d’acheter ou encore que près des deux tiers d’entre eux ont dans leur garde-robe au moins un vêtement de seconde main ou labellisé. La surconsommation est le premier défi à relever selon les sondés qui conscients de leur pouvoir pour faire évoluer la filière textile, reconnaissent aussi celui des entreprises de production et des institutions publiques.

Mais un passage à l’acte encore difficile

Si l’enquête indique bien que le public semble plutôt conscient des enjeux liés à la mode éthique et durable, le passage à l’acte en termes de consommation reste à concrétiser. Ainsi pour les 2/3 des répondants, la qualité et le prix demeurent des critères prioritaires lors de l’achat de vêtements, loin devant les labels ou l’origine. Les plus jeunes (16-34 ans) qui sont les plus informés et les plus adeptes de la « Slow Fashion » ne sont que 38 % à décider de ne plus acheter une marque qui serait impliquée dans un scandale. A noter aussi que 78 % des sondés affirment acheter leurs vêtements en ligne, un

mode d’achat clairement boosté par la crise sanitaire. Reste que la mode éthique et durable manque encore de visibilité au Luxembourg et que l’offre actuelle est encore jugée insuffisante à 66 %.

Pour l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg et Caritas Luxembourg, le défi à relever pour les deux prochaines années de la campagne Rethink your Clothes est simple : tenter de traduire la prise de conscience actuelle des problèmes sociaux et environnementaux liés à la Fast Fashion, révélée par l’enquête TNS Ilres, par des actes concrets et responsables en matière de consommation vestimentaire. Le changement de paradigme vers plus d’éthique et de durabilité dans notre façon de nous habiller n’est pas encore opéré mais l’objectif de la campagne Rethink Your Clothes est bien d’accompagner la lame de fond qui émerge au Luxembourg comme ailleurs.

Pour le président de l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg, Jean-Louis Zeien, le consommateur est un acteur essentiel qui a le pouvoir de faire évoluer la filière textile vers une production qui respecte des aspects environnementaux, sociaux et économiques. Cet avis est partagé par 68 % des personnes interrogées lors de cette étude. Le choix de se tourner vers des produits labellisés, issus du commerce équitable, a un impact positif sur les conditions de vie et de travail des personnes qui travaillent dans la chaine de valeur textile et particulièrement sur les conditions des petits producteurs de coton en Afrique et en Asie qui se situent au début d’une chaine de production extrêmement longue. Les magasins de mode jouent également un rôle important et devront élargir leur offre pour satisfaire la demande grandissante des consommateurs sensibilisés. Les acteurs publics, grands consommateurs de textiles, sont eux aussi dans la position de faire bouger les choses. Ainsi, l’étude révèle que « 80% des résidents de 16 à 64 ans pensent que les achats publics devraient favoriser les vêtements issus d’une filière textile certifiée éthique et durable »

Le manque de visibilité de la mode éthique qui ressort de cette étude est remédiée par les différentes actions de la campagne « Rethink your Clothes ». Afin d’accroître la visibilité des alternatives équitables et durables, encore trop souvent inconnues du grand public, l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg a lancé le premier « FairFashion Lab » au Luxembourg avec six artistes locaux pour proposer des vêtements et accessoires uniques en coton certifié Fairtrade. Avec ce projet collaboratif, l’ONG a souhaité promouvoir la création locale en la reliant aux producteurs et travailleurs de la filière textile en Asie et en Afrique. De plus, Fairtrade Lëtzebuerg accompagne des créatrices locales dans la production de vêtements et accessoires à base de coton équitable. Toutes ces créations pourront être admirées aux Fair Fashion Days organisés par l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg ensemble avec Caritas. Cet événement phare du mandat aura lieu du 10 au 13 mars 2022 pendant le Springbreak à LuxExpo. Ces quatre jours seront l’adresse incontournable pour les adeptes de la mode, curieux de découvrir des alternatives à la Fast Fashion. Au « Fair Fashion Village », les visiteurs pourront aller à la rencontre d’une vingtaine d’exposants proposant des articles de mode équitables certifiés Fairtrade et upcyclés, participer à des échanges inspirants et des ateliers textiles créatifs.

Côté Caritas Luxembourg, pour la coordinatrice de programmes, Ana Luisa Teixeira, l’objectif prioritaire des prochaines années est la réduction de la surconsommation actuelle de cette mode devenue « jetable ». Les chiffres d’une récente note d’information* sur nos déchets textiles menée par l’organisation en collaboration avec le Ministère de la Protection des consommateurs parlent d’eux-mêmes : l’équivalent de 95 t-shirts sont jetés chaque minute au Luxembourg, l’équivalent de

12,26 kg de vêtements par habitant par an ! Depuis 1993, nos déchets textiles ont augmenté de 31 % en terme de volumes alors que notre budget « habillement » a été quasiment divisé par 2 ! Derrière ces chiffres se dessinent les fléaux de la Fast Fashion : surproduction, exploitation et bas-salaires. Plus grave encore, sur les 7.454 tonnes de déchets textiles produits en 2018 au Luxembourg moins de 2 % sont effectivement réutilisés localement. Le centre national de tri pour les dons vestimentaires, Spëndchen, géré par Caritas Luxembourg et la Croix Rouge, fait figure d’exception à ce titre, en redistribuant 60 à 70 % de ses vêtements collectés à des organisations sociales locales. Le nouveau pop-up Lët’z Refashion, ouvert en juillet dernier Place Hamilius par Caritas Luxembourg dans le cadre de la campagne Rethink your Clothes, s’emploie justement à favoriser et à proposer une mode circulaire basée sur la vente de vêtements de 2e main ou upcyclés. « Nos créateurs upcycleurs, comme par exemple Benu, travaillent avec des tissus récupérés notamment de chez Spëndchen ». « Il en va de même pour les tissus et le matériel nécessaires à nos ateliers couture organisés deux fois par semaine sur place et destinés à apprendre à faire durer nos vêtements, les relooker et ne plus les jeter systématiquement ». Quand l’étude TNS Ilres met en avant que 2 personnes sur 3 au Luxembourg se disent mal informées sur la mode éthique et durable, le pop-up Lët’z Refashion qui accueille entre 30 et 100 personnes par jour et s’emploie à informer chacun de ses visiteurs sur les problèmes de la Fast Fashion et ses alternatives, joue un rôle important dans la campagne Rethink your Clothes. Caritas Luxembourg cherche d’ailleurs à lui donner une adresse pérenne pour continuer sa mission.

* « Les flux textiles au Luxembourg », janvier 2022. Note d’information disponible sur www.caritas.lu